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Lucija MARKOVIĆ

 

 

 

75 ans et Allah n'a pas dit un mot





Juillet 2025



 




NAJWAN DARWISH1 :


Il y a deux ans, je marchais dans les rues

de Dahieh, au sud de Beyrouth,

Et traînais derrière moi une croix

Grande comme les bâtiments détruits

Mais qui soulèvera la croix aujourd’hui

Du dos d'un homme fatigué à Jérusalem ?

La terre est composée de trois clous.

Et le marteau de la miséricorde :

Frappe, Seigneur,

Frappe avec des avions.


Combien d'autres arrivent encore ?

(Décembre 2008, La Bande de Gaza, Palestine)


75 ans et Allah n'a pas dit un mot (75 godina i Allah nije prozborio ni riječ – octobre, novembre et décembre 2023) de Lucija Marković


  PERSONNAGES :

    BISAN (24)


@wisard.bisan nom d'utilisateur Instagram de Bisan


@x ensemble de membres d'une communauté Instagram, X est une variable
   

LUCIA (22) en tant qu'observatrice
   

Lucia (22) comme celle qui est en elle-même
   

[luc556] en tant que nom d'utilisateur Instagram de Lucia
   

UN PÈRE
   

UN GARÇON
   

UN HOMME
   

UNE PETITE FILLE 1
   

UNE PETITE FILLE 2
JOUDY
   

LA GRAND-MÈRE
   

LUCIA PETITE



    Partie 6



    BISAN :
  Marhaba2, bonjour à tous, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Dans cette vidéo vous voyez mon équipe, ce sont mes meilleurs amis.
  Nous avons perdu l’un des nôtres aujourd’hui. Aujourd'hui, un sniper israélien a tué Muhamed Abu Samra, notre ami. Son frère jumeau Ahmed a été tué il y a dix jours dans un bombardement.
    Cela me met mal à l'aise que Muhamed soit parti avant d'avoir pu discuter avec lui de la mort de son frère.
  Muhamed, mon bon ami, il ne m'a jamais laissé seul, il était gentil et il aimait sa ville plus que tout. En fait, il a fait en sorte que nous aimions sa ville de Beit Lahia.
  Muhamed, mon ami, nous ne pouvons pas croire que tu n'es plus là et que tu ne nous accueilleras pas à Beit Lahia.

  BISAN :
    Bonjour à tous, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Aujourd'hui, je veux vous dire que près de 22 000 personnes ont été tuées depuis le début de cette occupation de Gaza, près de 10 000 de ces personnes sont des enfants.
  Beaucoup d'enfants ont perdu leurs bras et leurs jambes, plus précisément 1 000 enfants ont subi une amputation, parfois sans anesthésie.
  1000 enfants, 1000 histoires, 1000 questions et 1000 peurs demeurent en vie.



    BISAN :
    Bonjour à tous, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Je veux partager avec vous ce que j'ai entendu aujourd'hui.
  Un garçon avait peur du bruit des roquettes, alors son père lui dit :



    LE PÈRE :
  Si tu entends une roquette ou une bombe, cela signifie qu'elle ne vient pas dans ta direction et que tu es en sécurité. Ces roquettes voyagent plus vite que le son. Ne t'inquiète pas, si elles  viennent vraiment pour nous, nous n'entendrons jamais leur voix.



    BISAN :
    Que Dieu vous bénisse tous, que Dieu vous bénisse tous, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
   Vendredi, les forces d'occupation israéliennes ont bombardé la mosquée al-Omari, la plus ancienne et la plus grande mosquée de la vieille ville de Gaza protégée par l'UNESCO.
  La question est pourquoi l’UNESCO ne s’exprime-t-elle pas sur ce sujet ?
  Si je vis assez longtemps pour voir la fin de cette guerre, je vous le dis, je ne reconnaîtrai pas le visage de ma ville, ils détruisent mon passé et mon avenir.
  Mais moi, en tant que personne qui raconte les histoires de mon peuple, je sens que ces lieux sont à moi, qu’ils m’appartiennent tout comme moi j'appartiens à cette ville, et si je n'étais pas là, je ne sais pas qui y resterait pour en parler.
  J'ai l'impression qu'ils m'arrachent mes endroits préférés et que maintenant ce sont eux qui  les filment à ma place. Ils me les montrent perfidement détruits.


   

Partie 1



    Lucia :
  Ce matin, je suis assisse sur les toilettes comme d'habitude avec une tasse de café dans une main et mon téléphone dans l'autre.
  Je parcours le ciel d'Instagram, à savoir je scrolle, et c'est rien que des contenus très attrayants esthétiquement, et chaque like ou sauvegarde que je fais contribue au développement ultérieur de mon l'expérience hédoniste et esthétique recherchée.
  Je regarde les riches bibliothèques européennes dans leur grande splendeur séculaire. Je pénètre dans les collections de livres privées de quelqu'un ou dans des boutiques élégantes de café. Je m'assois sur les canapés d'autrui et je bois du café dans leurs tasses.
  Les toilettes sont le lieu où ne m'atteint aucun souci. Je pense souvent que je voudrais aussi mourir dans les toilettes.
    Bien sûr, la douleur psychosomatique dans mes côtes me suit toujours, peu importe où je me trouve, mais elle est un peu plus indulgente envers moi sur les toilettes. Elle m'accorde tous les matins une pause de dix ou vingt minutes.
  Je sais que rester assis trop longtemps sur les toilettes peut provoquer des hémorroïdes, mais je ne peux pas encore en plus m'en inquiéter.
  Je trouve intéressant de penser que tout le monde a quelque part ses propres toilettes où il tombe tous ses masques et reste le plus basique des moi basiques.
  Les toilettes sont un endroit où je me sens satisfaite, peut-être le seul endroit comme ça parce qu'ici, mon cerveau se détend un peu avec la paix de Dieu.
  La semaine dernière, j’ai regardé de plus en plus souvent des vidéos de Gaza parce que Instagram me les impose dans ses suggestions de publications.
  Si je regarde une vidéo aujourd'hui, il y en aura d'autres similaires dans des suggestions demain.
  Je sais que c'est ainsi que fonctionnent les algorithmes, mais j'ai du mal à constamment contrôler ce scroll, pour l'amour de Dieu, je viens aux toilettes pour échapper à mon self-contrôle.
  À un moment donné, je cède et je clique sur la vidéo avec l'enfant ensanglanté, même si je sais que cela va me contrarier et que mes côtes m'en feront encore plus souffrir.



    @abdulah.257 : Ici vous voyez une petite fille que nous avons trouvée sous les ruines d'un
bâtiment ce matin. Par miracle, elle a survécu. Priez pour elle !

  @lili : Les gars, j'ajoute des hashtags ici dans le commentaire parce que je veux que cette vidéo soit le plus visible possible, que chaque être sur le globe terrestre la voie ! #photographie #nature #paris #allemagne #photodujour #italie #usa #mode #europe #instagram #Espagne #été #architecture #Londres #PalestineLibre



    @leyla : Hé, @instagram, comment se fait-il que cette vidéo ne soit pas contre vos directives communautaires, pourquoi ne la censurez-vous pas ?



    LUCIA : À mon avis, la petite fille n’a que deux ans. Elle tremble beaucoup à cause du choc. Elle est ensanglantée et couverte de poussière. Elle regarde autour d'elle, désorientée, et elle sanglote, sanglote, mais sans le son.



    @reem : Hé, @unicef, qu'en est-il des enfants de Palestine, ont-ils eux aussi des droits ?



    @faith : Et ne crois jamais qu'Allah ignore ce que font les injustes, Al Coran [14:42]



    @seher.khan : Avez-vous trouvé quelqu'un d'autre à part elle ? Où sont sa mère et son père ? Avez-vous trouvé leurs corps ?



    @eye.on.palestine : Quelqu'un a dit que toute sa famille avait été tuée, à l'exception de son père qui n'était pas à la maison. Son père travaillait pour la Croix-Rouge.



    LUCIA : Je l'ai nommée Bibi. Dès que je l'ai vue, elle était Bibi pour moi.

  @zaji : Ya Allah, qu'Il t'accorde la santé, la force et la joie, à toi et à tous les peuples et aux animaux de Gaza et de Palestine, Dieu, accorde-leur la plus haute place au Paradis. Amen. Inna Lillahi wa inna ilahi rahim.3



    @pasm : J'ai lu quelque part que la petite a été blessée quand l'école où elle s'est réfugiée avec sa famille a été  bombardée, et maintenant vous dites qu'elle était dans sa maison. Je ne sais plus à qui faire confiance.



        @izaya : 75 ans et Allah ne fait toujours rien. Arrêtez de donner des faux espoirs.



    LUCIA : La première vidéo de Bibi a été publiée il y a quelque temps entre le 14 et le 18 octobre, c'est du moins mon estimation. Cependant, on ne sait pas quand la vidéo a été réellement enregistrée car des vidéos avec la personne de Bibi sont constamment réalisées et se multiplient sur différents comptes d'utilisateurs à tel point que c'est invérifiable.



    @love.win : Si seulement je pouvais te cacher dans mon cœur là où les bombes ne tombent pas.



    @sayam : J'adopterais la petite fille si c'est possible.



    @diluted.power : Je déteste le gouvernement américain et Washington DC.



    @3357A : Les gars, dans une autre vidéo, une femme prétend connaître la famille de cette petite fille et que cette dernière se rétablit, mais que ses parents n'ont jamais été retrouvés sous les ruines.



    @mclemena : Au moins, ils ont encore la tête sur les épaules, contrairement aux enfants juifs [Emoji du drapeau israélien].

       Reply à @mclemena :


:
       @atma : Réveille-toi de ton sommeil. Plus de deux mille enfants palestiniens ont été tués jusqu’à présent. Tu crois que c'est juste ?



        @mclemena : Oui, précisément parce que c'est comme ça que ça doit être.



        @atma : Pourquoi ?



        @mclemena : Parce qu'ils sont musulmans.



        @atma : Certains d’entre eux sont chrétiens. La Palestine était une terre de musulmans, de juifs et de chrétiens. Jérusalem était un lieu saint commun.

       @mclemena : Les enfants palestiniens doivent mourir et c'est la dernière chose que je dirai. Je n'argumente pas avec des mollahs.



        @atma : As-tu quelque raison pour ça ?



        @mclemena : C'est ce qu'ils nous ont dit à l'école aujourd'hui, tout le monde dit ça, surtout Grand-mère.



        @atma : Quel âge as-tu, Lemena ?



        @mclemena : J'ai 12 ans.



    @behroz.siavash : Dieu, tu as dit dans les livres saints que la chandelle de l'agresseur ne
brûlera pas pour toujours, alors pourquoi brûle-t-elle encore aujourd'hui ? En raison de l'échange
de quelques personnes puissantes, à cause des larmes d'enfants innocents qui ne comprennent même pas de quel combat il s'agit.



    LUCIA : Les premières bombes sont tombées sur Gaza déjà le 7 octobre, et cela continue le 8 octobre, le 9 octobre, les os se brisent le 10 octobre, le 11 octobre, la peau est brûlée au phosphore blanc le 12 octobre, les bombardements ne se sont pas arrêtés le 13 octobre, le jour s'est levé à nouveau et c'est tombé à nouveau le 14 octobre, le 15 octobre, le 16 octobre et alors la première vidéo de Bibi était déjà sur Instagram.



    @sara : Les gars, son nom est Shan Abu Shaqha et elle est morte des conséquences d'une hémorragie interne peu de temps après l'enregistrement de cette vidéo.



    @being.a.mummy : Instagram regorge de ce genre de vidéos et vraiment ça me fait mal en tant que mère de voir tout ça. S'il vous plaît, que cela cesse !



    @soul.survivor : Et certaines personnes parlent de ces enfants comme s'ils étaient les dernières des ordures, mais honte à vous !



    LUCIA : Aujourd'hui, c'est le 25 octobre et je commence ici. Juste pour trouver une confirmation que Bibi est vivante ou au moins qu'elle n'est plus là parce que je pense que c'est le pire pour nous tous ainsi qu'elle soit juste perdue dans le temps.



    @misfit : Les gens ne cessent de me choquer. Comme c'est superficiel de prendre une photo de petites filles blessées pour en faire des publications virales sur Instagram. Imbéciles, cet enfant a-t-il droit à une vie privée ? Où est-il maintenant ce putain de RGPD4 qu'on signe pour chaque connerie ?

  @mischevious : Seuls les visages des enfants occidentaux ne doivent pas être montrés dans les médias, vous avez-vous remarqué, il semble qu'en ce qui concerne les enfants arabes ceux-ci soient soumis à d'autres codes ou à aucun code du tout.



    LUCIA : Dans l'espoir que quelque chose se cristallise dans ma tête, je scrolle et scrolle des volées de textes et note quelques indices sur le côté. Très maigres.



    @anonymous : Arrêtez de répandre de la désinformation, elle ne s'appelle même pas comme ça, Shan Abu Shaqfa est une autre fillette. La mère de Shan Abu Shaqfa a pris la parole et elle a dit de ne mentionner le nom de son enfant nulle part.



    @chaya : La petite souris est tellement fatiguée qu'elle ne peut même pas pleurer, regardez, elle pleure sans sanglots. Oh Krishna, tu es grand, aide ces enfants à être en sécurité avec leurs familles.



   @meta.physical : Je mourrais pour toi. Même si tu vis, comment pourras-tu oublier le traumatisme que tu as vécu. Il y a une blessure profonde dans mon cœur. La punition d'Allah l'emportera un jour.



    LUCIA : Sous chaque commentaire, j'appuie sur l'item « translate » pour obtenir la traduction du texte. De la sorte, je traduis l'anglais, l'arabe, le hindi, l'hébreu, je traduis divers cyrilliques, et je traduis tout cela en anglais d'abord, puis de l'anglais je le traduis dans mon cerveau
 en croate.



    @hussein : Ô Seigneur, Maître du monde, abats-toi de toute ta puissance sur Israël et
l'Amérique, mais venge-toi aussi de tous les pays arabes du Golfe, ils sont des traîtres ainsi que tous les pays qui décident d'être neutres #Jérusalem est la capitale de la Palestine #son peuple se soulèvera #un clou chasse l'autre



    @cimo : Écoutez les gars, la petite fille de la vidéo va bien, dans une autre vidéo ils écrivent qu'elle est maintenant à l'hôpital Al Shifa avec sa mère, ils sont en vie, mais sa sœur aînée n’a pas survécu à l’attaque de roquettes.



    @maria : Le Dieu glorieux ne dort jamais, il surveille tout.



    @nizam : Qu'Allah aide et protège les musulmans. [Emoji triste]



    @saniya : Je sais que nous sommes impuissants, mais au moins nous pouvons boycotter les produits israéliens.



    @izaya : 75 ans et Allah ne fait toujours rien. Arrêtez de donner de faux espoirs.

  LUCIA : Je pense que ce que je fais dans ma tête n'est même pas une traduction, mais une reconstruction car le texte traduit en anglais n'est pas tout à fait clair, alors du coup, je ne fais que  l'interpréter dans ma propre langue.



       @secretariat : Je soutiens Israël. [Emoji du drapeau israélien]



        Réponse à @secretariat :



        @sandash : Combien vous payent-ils pour soutenir Israël ? Cent dollars ou deux cents ?



        @simmi : Alors toi, @secretariat, tu as des siècles de sang d'enfants innocents sur les mains.



        @pandi : Je ne comprends pas pourquoi une personne n'a pas le droit de dire qu'elle soutient les Israéliens. Qui suis-je pour dire à quelqu’un quoi choisir ? Grandissez un         peu !



        @sandash : Son droit est-il plus grand que leur droit de vivre ?



    Lucie :
  Mon cerveau s'est arrêté sur la petite fille de deux ans choquée et tremblante qu'ils ont sortie de sous les ruines du bâtiment d'accueil des réfugiés.
  J'espère que cette petite âme vit toujours en ce moment et qu'elle va mieux qu'elle ne l'était alors quand elle pouvait à peine respirer, quand elle était aveuglée par les explosions, et quand
elle ne pouvait pas laisser échapper un sanglot.
  À travers les publications d'Instagram, nous observons tous un enfant au regard perdu, un enfant au sanglot retenu, un enfant qui n'est pas suffisamment développé cognitivement pour comprendre ce que signifie être presque mort, mais qui cependant ressent encore de la douleur dans son corps et ce n'est pas agréable, et pendant ce temps il regarde autour de lui, s'attendant à voir surgir un visage familier de quelque part.
  Nous qui sommes témoins de cela savons que sa mère a été laissée sans vie sous le tas des ruines, mais Bibi ne peut pas encore le comprendre.
  Et si elle survit, peut-être que dans des années, elle espérera toujours avoir sa mère et qu'elle la retrouvera dans un futur proche.
  Et Bibi oubliera à quoi ressemble sa mère, elle n'aura peut-être pas de photo d'elle, elle n'aura aucun parent vivant qui pourrait lui révéler la couleur des yeux de sa mère ou le nom de sa maman.
  Mais sa maman restera au plus profond d'elle-même comme le lieu qui l'a portée et bercée.
  Maman restera un moment qui a duré deux ans et neuf mois.

   Partie 5



    BISAN :
   

   Marhaba, bonjour à tous, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Les avions israéliens larguent à nouveau des tracts d'avertissements.
  La plupart des villes du sud ne sont plus sûres.
  Nous devons évacuer à nouveau plus au sud, deux millions deux cent cinquante mille personnes doivent être évacuées vers la ville de Rafah.
  Comment allons-nous tous tenir dans une seule ville ?



    BISAN :


    Marhaba, bonjour à tous, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Je veux vous dire comment j'ai désespéré pendant longtemps, mais aujourd'hui quelque chose a changé en moi et j'ai compris.
  Mes histoires avant cette occupation étaient belles parce que ma vie quotidienne était vraiment belle. Cela nous a été enlevé maintenant, mais je n'ai jamais vraiment parlé juste parce que la vie était belle, non, j'ai parlé parce que je croyais que mon pays, peut-être plus que d’autres, précisément en raison de son environnement toujours défavorable mérite d'être documenté et admiré.
  Je peux encore y croire malgré tout. La chose est simple, je vais continuer sans compromis à informer sur notre situation, je ne permettrai pas que nos histoires soient oubliées, je continuerai à faire ce que je fais le mieux aussi longtemps que je le pourrai tenir.



    BISAN :


    Marhaba, bonjour à tous, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  C'est le huitième jour d'une soi-disant suspension des hostilités. Un millier de personnes ont été tuées au cours des dernières 24 heures. Je répète, mille personnes ont été tuées au cours des dernières 24 heures. Une trêve ne signifie pas la fin de l’agression.
  Utilisez toutes les forces disponibles pour exiger un cessez-le-feu, immédiatement !



    BISAN :


    Marhaba, bonjour à tous, ici Bisan de Gaza.
  Je n’ai plus le même espoir de survie qu’au début de ce génocide. Je suis presque certaine que je mourrai dans les prochaines semaines, voire les prochains jours. J'ai une grave infection virale et je ne peux pas bouger du matelas sur lequel je dors dans ma tente. Je suis tourmentée par des cauchemars qui ressemblent tellement à la réalité que je peux à peine distinguer ce qui est rêve et ce qui est la vie.
  Je vis dans un monde différent de celui que j’essayais de construire.
  En tant qu’activiste sociale, je vivais dans l’illusion que le monde était quelque part ailleurs libre et juste. Et j'ai essayé de partager l'annonce de cette justice dans mon pays et dans d’autres pays du Tiers Monde. Je me suis trompée. Nous sommes loin de ce que vous appelez le Tiers Monde. Ma communauté m’a montré au cours des cinquante-huit derniers jours que nous sommes des gens bien plus humains et moraux que vous.
  Nous sommes instruits et capables de gérer n'importe quelle situation, nous sommes humbles et généreux, nous savons être patients et nous le sommes déjà depuis plus de 75 ans.



 

Partie 2

 



  Lucie :
  Cela fait deux jours que je lis tous ces commentaires sous les vidéos de Bibi
  J'ai nettoie la vaisselle d'hier sous la douche
  Je me lave le visage avec beaucoup de difficulté et je ne peux pas prendre de douche parce que j'ai mal aux côtes
  Je porte depuis deux jours maintenant ce vieux pull en lambeaux que ma mère portait était quand elle était jeune fille
  Maman me dit de le jeter, mais je ne veux pas
  J'ai rêvé la nuit dernière que ma cousine de douze ans jouait et tombait sur le sol et puis nous étions dans un jeu informatique ou une simulation similaire à Hunger games et ma cousine avait des autocollants colorés partout sur son corps, on m'a donné la tâche de superviseur pour essuyer la peau autour de ces autocollants, je lui ai demandé si elle ressentait de la douleur, elle a dit qu'elle ne sentait rien, et nous deux ne pouvions pas arrêter d'être dans cette simulation bizarre, alors les autocollants ont commencé à se dissoudre et je l'ai allongée sur le sol et elle s'est mise à revivre, mais son corps resta étendu comme mort et ses doigts contractés quand elle a attrapé ma chemise tandis que nous tombions.

  @arun : C'est tout simplement incroyable de voir jusqu'où ces influenceurs de merde sont prêts à aller loin pour paraître convaincants. Ils publient des images d'enfants blessés pour paraître pertinents. Affligeant !



    @olivia : Oui, ce petit bébé est sur de nombreux profils, son nom est Sham Abu Shaqfa et elle se rétablit, mais sa mère reste dans un état critique. C'est pourquoi Nous devrions tous prier ensemble maintenant pour que la petite ne perde pas sa maman, oh mon Dieu, aide-les.



    LUCIA : Disons hypothétiquement que Bibi a été retrouvée sous les décombres le 14 octobre, elle a été blessée et a survécu, mais les bombes ont continué à tomber les 15 octobre et 16 octobre, le 17 octobre, le jour s'est levé à nouveau et c'est tombé à nouveau le 18 octobre, les gens ont été écrasés sous le poids des décombres les 19, 20 et 21 octobre, des gens ont été fusillés le 22 octobre, ce n'était pas mieux le 23 octobre, et pas plus avant-hier, ni hier, quand j'ai vu Bibi pour la première fois.



    @priya : Je suis devenue mère de mon enfant unique il y a trois mois et je ne peux pas
arrêter de pleurer en regardant ça.



    @ajsha : Ces gens qui aiment la guerre ont définitivement enterré l'enfant qui sommeille en eux.



    LUCIA : Bien sûr, je suis consciente que les vidéos mettant en scène Bibi vont se multiplier sur différents profils d'utilisateurs tout au long de ma recherche, tout comme ils se sont multipliés plus tôt.

  @olga : Au moins cette petite a été retrouvée, contrairement aux nombreux enfants enlevés par le Hamas. Ces enfants sont toujours portés disparus. Ils sont probablement épuisés, affamés, seuls ou, pire encore, décapités dans une fosse.



        Reply à @olga :



        @pray : Oui, personne ne se soucie des enfants d’Israël !

   

     LUCIA : Je suis également consciente que je ne pourrai jamais appréhender et pénétrer pleinement ne serait-ce que la moitié de ce qui se passe actuellement dans l'environnement de Bibi.



    @trumpster : Et où étiez-vous tous, bande de petits malins, quand les terroristes palestiniens
ont attaqué Israël ? Ils tuaient tous ceux qui étaient à la maison, et ont arraché la tête des enfants qui dormaient. Arrêtez de partager des vidéos de ces enfants et de mettre de la musique triste dessus car vous ne justifierez jamais toutes les victimes des attaques terroristes du Hamas. Ce sont des animaux qui tirent des roquettes sur leurs propres hôpitaux pour se faire passer pour des victimes !



    @tiffany : Chaque fois que je vais sur Instagram ces derniers jours, je regarde des vidéos sur
lesquelles se trouve cette fille Shan et c'est seulement dans mon esprit que j'entends une voix qui murmure : « Quel genre de monde est-ce là ? Personne n'est comblé de bonheur. Pourquoi suis-je ici ? »



    @big.body : Tout est de la faute de ce putain de Hamas, donnez-leur le prix du meilleur rôle dans ce film d'horreur.



        @poetic.mist : Je pense qu'à ce stade, peu importe à qui la faute, de plus en plus d'enfants meurent, mec, as-tu déjà tenu un enfant dans tes bras ?



    LUCIA : Je suppose également que les lois du monde dans lequel je vis ne me permettront pas de continuer à penser à Bibi. Je suis sûre qu'après ce week-end, je devrai quitter ma chambre et mes toilettes. Et que je les oublierai.



    @ksenija : Quelque part, ils disent que la fille est morte d'une hémorragie interne, et ici vous dites qu'elle est vivante. Je ne sais plus à qui faire confiance.



    @izaya : 75 ans et Allah ne fait toujours rien. Arrêtez de donner de faux espoirs.



    LUCIA : La seule chose qui compte pour moi, c'est que Bibi ne soit pas en ce moment dans un de ces linceuls blancs que je vois sur d'autres vidéos ou pire encore dans une fosse commune.

  @josiel : Je suis désolé pour tous ces innocents, en particulier les enfants, qui souffrent tant, et tout ça à cause de l’attaque du Hamas qui a déclenché cette guerre avec les Israéliens.



        @masslo : Mais allez, c'est toujours la faute des Palestiniens, et qu'en est-il de ceux qui les oppriment ? Demandez-vous si quelqu’un a déjà été tenu responsable des             crimes de guerre commis à Sabra et Chatila par des soldats israéliens sous la direction de l'odieux général Ariel Sharon.



        @johnny : Merci pour ça. Ce démon est devenu plus tard Premier ministre, après avoir été ministre de la Défense.



        @dodi.fayed : Ils commettent un génocide contre nous tous les dix ans, cela ne vous est pas clair.



        @sayo : Et la Nakba5, vous oubliez que tout a commencé en 1948 avec des persécutions massives et des effusions de sang dans les villages musulmans et que ces villages ont été effacés de la surface de la terre et que de telles actions ont continué en 1968 et que cela dure depuis plus de 75 ans.



        @josiel : J'ai le droit d'avoir mon opinion. Le Hamas a également tué des enfants.



        @sayo : @josiel Tu te ranges du côté d'un État construit sur des actes démoniaques, tu ignores l'histoire.



    LUCIA : J'accepte que le temps ne soit pas du côté de Bibi, ni du mien, et c'est pourquoi
je cède, je lis des volées et des salves de textes, tout reste coincé dans ma tête, rien n'est filtré, cela se transforme en une masse compacte qui devient de plus en plus volumineuse au fur et à mesure que les minutes passent.



    @kamran.ahmed : Qu'Allah protège tous les hommes de la misère.



    @abrar : Dieu, aie pitié, montre-le nous.



    @yasir : Un jour, Israël paiera pour ça !



    @abie : Crevez, les mollahs, crevez !



    @joe : Qu'Allah détruise les Israélites comme Il les a anéantis auparavant !



    @abie : Rira bien qui rira le dernier ! Crevez, mollahs !



    @memon : Allah Tout-Puissant a dit dans le Saint Coran que les Juifs ne peuvent pas être
vos amis, sinon Allah t'effacera de la surface de la terre. Amen.

       @abie : Pourquoi le grand Allah ne vous aide-t-il pas maintenant, les mollahs, hein ?



    LUCIA : Cette masse volumineuse va progressivement peser de plus en plus sur mes pensées, alors il y a un risque que je perde en cohérence avec le temps ou peut-être que je parvienne à un nouvel état de conscience, dans tous les cas je dois en ressortir transformée.


    Partie 4



    BISAN :
   

    Marhaba, bonjour, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Je veux vous dire qu'aujourd'hui il a commencé à pleuvoir et nos tentes fuient.
  Mais les enfants sont heureux, ils recueillent l'eau de pluie dans leurs mains et la boivent.



    BISAN :
   

  Marhaba, bonjour, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Les avions de guerre israéliens ont détruit aujourd'hui les archives centrales de Gaza, qui contenaient plus de d'un millier de documents, certains vieux de plus de mille ans.
  Ils savent ce qu’ils bombardent et ils le font intentionnellement parce qu’ils veulent nous détruire en profondeur.
  Janji6, ils veulent que nous soyons « gar ».
  Je ne sais pas comment traduire ce mot parce que « gar » n'est pas la tristesse, « gar » est plus grand que la tristesse.

  BISAN :
   

   Marhaba, bonjour, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Après avoir marché vers le sud pendant des heures, nous essayons maintenant de nous installer là sous des tentes.
  Nous n'avons pas de toilettes, nous n'avons pas de douches et nous n'avons même pas assez d'eau pour boire, encore moins pour se laver.
  Nous mangeons souvent un jour et sautons le repas du lendemain. Seuls les enfants mangent tous les jours.
  Nous vivons des restes de farine que nous pétrissons et utilisons pour faire du pain palestinien sur un feu à l'air libre.
  Les hôpitaux du Sud sont submergés par les patients évacués du Nord. Certains d'entre eux
arrivent morts parce qu'ils ont souffert de la soif trop longtemps ou d'une septicémie en chemin.
  Nous constatons de plus en plus de cas de pneumonie grave, en particulier chez les enfants. Nous n'avons pas d'antibiotiques.



    BISAN :
   

   Marhaba, bonjour, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Je veux vous montrer quelque chose.
  (Elle enlève sa capuche et incline la tête vers la caméra. Elle est joyeuse.)
  Regardez, certaines parties de mes cheveux sont grises. Et alors, je m'en fiche. Cheveux roses, blonds ou blancs, ça m'est égal. Ce qui compte, c’est que nous soyons en vie.
  Et regardez, ces tresses ont été faites par une amie. Je me sens tout de suite un peu plus belle.


    Partie 3



    Lucie :
  C'est le troisième jour que je lis les commentaires sous les vidéos mettant en vedette ma Bibi.
    Les gens se disputent principalement sur l’État et sur Dieu.
  Je veux savoir ce qui va arriver à Bibi, je m'inquiète de l'endroit où elle vivra et si elle grandira et si quand elle sera grande, elle tombera sur des vidéos d'elle.
  Ce serait vraiment horrible si dans vingt ans elle commençait à lire ces commentaires. Elle se sentirait nue et misérable face à tout ça.
  Maintenant, je doute à nouveau de la justesse éthique de ma position voyeuriste. Nous sommes certainement tous dans le même péché, des milliers et des milliers de personnes entrent actuellement en contact avec cette vidéo sur Instagram.
  Tu sais quoi, je peux imaginer Bibi dans le futur.
  À un certain âge, elle sait déjà qu’elle est adoptée et elle sait qu’elle est palestinienne et elle sait qu'elle a perdu sa famille à la guerre le 15 octobre 2023.
  Peut-être en tant qu'enfant ne s'en soucie-t-elle pas trop. Les enfants savent au fond d'eux-mêmes qu'ils doivent avancer, qu'ils doivent grandir.
  Alors peut-être que c'est seulement dans sa vingtaine qu'elle atteindra un stade où elle voudra regarder en arrière et cela ouvrira en elle une grande brèche, le traumatisme apparaît comme un trou dans le sens, tout comme la guerre est un trou dans le temps,
  lorsque le traumatisme sera résolu, le sens émergera alors
  j'ai lu ça quelque part, je ne me souviens plus où
  Mon problème est que je perds souvent ma concentration, même en général, et surtout quand quelque chose comme ça d'important se produit, je me surprends souvent à ne pas penser à la recherche et à commencer à analyser de plus en plus cette ville antique.



    @rami : Ya Allah, je me sens coupable parce que j'ai quinze ans et je ne peux pas faire grand chose pour aider cette petite fille, je n'ai pas d'argent, mais je crois que même un mot de soutien peut déplacer une montagne. Ils n'ont que toi, Allah.



    @stay.hungry : Mon Dieu, s'il te plaît, aide aussi les enfants israéliens !



    @parsa : La Troisième Guerre mondiale arrive bientôt. (Emoji du feu)



    @monikame : Le Hamas a fait souffrir son propre peuple. Haïssez le Hamas !



    LUCIA : Je pense beaucoup au monde d'Internet comme à une réalisation moderne du monde démocratique d'Athènes dans lequel il y a beaucoup d'esclaves et vraiment diverses relations esclavagistes.



    @yokk : Je suis à l'hôpital et mon pronostic de santé n'est pas bon, mais cela n'a pas d'importance si je meurs demain, souvenez-vous, mes derniers mots seront : Ya Allah, sauve mes
frères et sœurs palestiniens.

  @deydon : Je rentre du boulot où je travaille avec des enfants et je dois me contrôler, mais quand je rentre à la maison et que je vois des vidéos comme celle-ci, je pleure, je n'en peux plus, cette nuit je pensais que j'allais mourir aussi, ça m'est venu comme ça.



    LUCIA : Mais ce qui fait vraiment d'une tragédie une tragédie, ce sont les lamentations, ou
des complaintes qui peuvent durer indéfiniment même dans les endroits où les politiciens nous obligent pour que nous oubliions, pour que nous avancions, pour que nous finissions nos études, les voix du chœur nous donnent de l'espace pour que nous nous souvenions des victimes et c'est vraiment beau.



    @noor : Mon enfant, j'ai honte de ne pouvoir rien faire d'autre que prier. Qu'Allah te protège.



    @lama : Ces enfants nous appartiennent à nous tous.



    @ferm : Cela restera à jamais gravé dans leur cœur.



    @guloser : Mon chéri, je dois m'arracher à l'écran, je n'arrive plus à dormir tellement je tremble. Que ceux qui t’ont fait ça voient l’enfer dans les deux mondes et ressentent la douleur de leurs proches.



    @ksen : Je voulais tellement avoir mon enfant, mais je ne pouvais pas l'avoir, alors quand
Je vois comment ces enfants souffrent, mon cœur se brise !



    @basma_noor : Quel péché a-t-elle commis contre Dieu ? Seigneur, pourquoi Seigneur ?



    @izaya : 75 ans et Allah ne fait toujours rien. Arrêtez de donner de faux espoirs.



    LUCIA : Et tout ce concept de la tragédie comme l'histoire d'un grand homme qui s'effondre par sa seule faute n'est dans cette affaire que full of shit parce que Bibi est une enfant, et les enfants n'ont pas d'hybris et ils n'ont pas d'hamartia. Vous ne pouvez pas me dire que Bibi méritait ce traitement par son arrogance.



    @hussein : Un homme apparaîtra, il ressuscitera à la fin des temps. Il viendra juger les vivants et les morts. Son nom sera Imam Mahdi7. Il accélérera le temps par son arrivée. Croyez ! Il remplira la terre de sens et de justice. Gardez cela dans votre cœur et votre esprit, cherchez un homme nommé Imam Mahdi car Il arrive vraiment.



    LUCIA : Et que se passerait-il si tu trouvais enfin Bibi dans l'un de ces commentaires ? En quel temps cela serait-il ?

  @monique : Quelle magnifique petite fille, elle est si innocente. Parfaite dans sa bonté non corrompue. J'ai toujours l'impression que je pourrais pleurer, mais je me retiens, Je me suis retenue de pleurer toute ma vie.



    LUCIA : Est-il possible d'être sûr que quelqu'un à Gaza est en sécurité à chaque instant qui vient ? Et de nouveau, qu'en est-il du temps qui s'est écoulé, dans lequel peut-être Bibi est déjà morte ?



    @aladin : Ya Allah, elle est si fatiguée, aide-la à guérir de toutes ses blessures.



    @izaya : 75 ans et Allah ne fait toujours rien. Arrêtez de donner de faux espoirs.



    @kinki : Où étiez-vous tous lorsque le peuple israélien a souffert le 7 octobre ? OÙ ÉTIEZ-VOUS ?



    @wonka : Ces personnes innocentes ressentent sur leur peau les représailles de ce qui leur est arrivé à cause de ce qu'a fait le Hamas. Tu ne peux assurément prendre parti pour aucun camp dans ce conflit parce que les deux ont en quelque sorte raison de leur propre point de vue, et quand tu réalises que même toi dans ton raisonnement tu changes de position à l'extrême, c'est seulement alors que tout cela prend une véritable note tragique.



    LUCIA : Leurs commentaires m'émeuvent souvent, mais ils me bombardent et m'empêchent d'établir une version quelconque de la vérité sur la situation de Bibi.



    @waefia.hossin : Ô Allah, tout comme tu as fait pour que le feu d'Ibrahim8 se transforme en paix, regarde cette petite fille et la douleur qu'elle ressent, que ta paix soit avec elle et le peuple de Palestine, ô Très Miséricordieux !



        @abrar : Oui, à ce moment-là, le chef militaire Namrood a ordonné au peuple de faire un grand feu pour brûler Ibrahim et emporter ses biens. On dit que le feu qu'ils ont allumé était si grand que les oiseaux volant à trois milles au-dessus de la terre tombèrent du ciel brûlés par la chaleur du feu.



        @waefia.hossin : Ils voulaient aussi brûler Ibrahim vif afin que ses os soient réduits  en poussière, et tout cela, croyaient-ils, c'était la volonté d’Allah.



        @kamran.ahmed : Et Allah dit : Ô feu, sois fraîcheur et paix sur Ibrahim !



        @abrar : Et le feu le rafraîchit, mais il ne devint jamais trop froid pour le geler, Allah a pensé à cela aussi.

       @kamran.ahmed : Et donc ne désespère pas devant la Grâce de Dieu, car même si tu ne la vois pas, elle est là.

        @abrar : Donc même dans un endroit comme celui-ci ?



        @waefi.hossin : Si un homme de Dieu cède au désespoir, il ne devient rien d'autre ici-bas qu'un Kafir, un infidèle.



        @kamran : @abrar Ibrahim a accompli tout cela parce qu'il croyait, chaque endroit sur la terre peut devenir angoissant, l'important c'est que tu ne perdes pas l'espoir.



        @abrar : Mais j'ai peur pour eux et pour moi. Ils ont des roquettes qui te localisent à travers les murs et ensuite ils te découpent en morceaux avec leurs lames, il s'agit de         la dernière invention technologique.



        @abrar : Ibrahim avait-il peur de ceux qui voulaient le brûler ?



        @waefi.hossin : Crois tout simplement.



        @abrar : Et si croire ne me venait pas naturellement ?



        @abrar : Et si je ne faisais pas partie de ceux qui sont nés avec la paix en eux, qui supportent toujours tout, moi je ne sais pas comment ils peuvent faire.

    (Pause d'une minute, on entend le tic-tac du chronomètre).

    LUCIA :


  Abrar n’a reçu aucune réponse à aucune de ses questions.
  Les interlocuteurs sont retournés dans leur cuisine ou leur lit, et elle est restée en suspens quelque part sur un nuage numérique, tout seule.
  Elle a conclu qu'il était inutile de supprimer les commentaires, personne ne les lirait de toute façon.
  Ses répliques seront bientôt enterrées dans une mer de tant d’autres.

  @feminine.girl : Ce qui est beau, c'est que nous connaissons l'issue de cette histoire : la Palestine sera libre. (Emoji coeur et Emoji pastèque)



    @peek.of.eloquence : L’aide d’Allah est sûrement proche. (Coran 2 : 214)



    @gamb : Que Dieu te punisse, Israël. Adolf Hitler a fait trop peu quand il vous a massacrés. Si seulement il vous avait complètement éliminés.

  @feminine.girl : Dieu les a déjà exilés, un vrai juif sait qu'il n'a pas le droit à une patrie pour toujours et à jamais.



    @gamb : Ce sont des chiens, je ne les considère pas du tout comme des êtres humains. Je ne l'ai jamais fait.



    @khusima.makeovers : Qu'Allah rende justice à tous les innocents de Palestine et que les massacres et les bombardements cessent. Et que tous les sionistes retournent d'où ils viennent, oui, qu'ils retournent dans les chambres à gaz. Je n'ai que une question pour eux : « Comment regarderez-vous Dieu en face ? »



    (Silence. Le temps passe.)



    @luc556 : Je ne peux plus lire ça. Vous autres êtes profondément perturbés par le mal. Vous marchez parmi nous. Vous tueriez si vous aviez des armes. Vous tortureriez, tireriez et brûleriez si l'occasion vous était donnée. Vous n'êtes pas comme moi, vous n'êtes pas comme la petite Bibi. Je veux croire qu'elle et moi ne deviendrons jamais comme vous.



    LUCIA : Alors, j'ai attendu un peu et j'ai supprimé ce commentaire. Je craignais qu'ils m'attaquent. Je ne pourrais pas le supporter.



    Lucie :
  C'est à ce moment-là que j'ai su que je devais quitter pour toujours la section des commentaires, mais j'étais également consciente que des commentaires similaires continueraient à s'enchaîner en dehors de ma présence Tous ceux qui sont sur ce réseau ont une part de vérité mêlée d'histoire ou de sociologie, sous certaines conditions
  Dans leurs déclarations, cependant, il n’y a aucune thèse ni antithèse qui nous mènerait à une synthèse
  Le monde est devenu un lieu où règne une thèse qui n’a pas de véritable antithèse, et alors nous pouvons continuer cette folie indéfiniment
  parce que rien n'est déterminable en dehors de l'effritement, le pourrissement et la destruction inévitables
  Une civilisation complexe menée par un groupe de dirigeants avides et leurs sujets encore plus avides
  qui croient que tous ces faits à leur disposition sont leur propriété, pire encore, qui croient que Bibi est leur propriété.
  cette croyance leur permet dans ces commentaires sous mes yeux d'instrumentaliser Bibi pour montrer qu'ils sont supérieurs, meilleurs, plus intelligents que l'autre et que moi qui me tais
  Ma désapprobation n’est qu’une goutte d’eau pure dans un océan de haine, de noirceur, de ressentiment, une vengeance qui dure au moins depuis 75 ans



    @gonales : Les Palestiniens n'ont même pas signalé que le Hamas avait décapité quarante enfants palestiniens.



    @igor : Que Jésus intervienne et peut-être que cette guerre cruelle prendra fin. C'est douloureux de voir comment les enfants sont sacrifiés à cause du fanatisme des juifs et des Palestiniens.



        @masha : Eh bien, nous attendions seulement que les chrétiens s'impliquent, c'est alors que le massacre commencera vraiment, cela fait des siècles que vous nous             montrez comment massacrer



    @cocaine.snort : Et tous ces Imams, ils enseignent l'Islam en échange de bons salaires et une vie confortable, ils parlent du Coran, ils prêchent par paraboles dans lesquelles Allah a aidé les croyants, mais où sont-ils maintenant quand les musulmans ont besoin d'eux ?


  (Il est furieux, prend une inspiration et continue.)



    @cocaine.snort : Vous ne pensez tous qu'à vous. Chaque fils de pute se la joue sur ce réseau au politicien, vous êtes tous des putains de prédicateurs, vous êtes tous des historiens ou des psychologues. Dans ce monde, vous avez de l'argent, ici vous avez des putains de likes et de followers. Vous me dégoûtez.



    LUCIA : Cocaïne sniffée ou l'Aspirateur de cocaïne pourrait certainement être affecté sur terre comme prophète, mais il ne pouvait pas supporter ces imbéciles et alors il a commencé à se droguer et maintenant il est un paria débile, et le seul d'entre eux à parler un tant soit peu sensément.


    Partie 3



    BISAN :


  Marhaba, bonjour, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Aujourd’hui, je vais me promener et demander aux gens et aux enfants ce qui leur manque le plus de leur vie passée.


  Et voici leurs réponses :



    UN GARÇON : J'ai 13 ans et mon terrain de jeu et mon ballon me manquent. Personne ici n'a pas le ballon.



    UN HOMME : J'ai 52 ans et ma femme me manque. Sa chaleur.



    LA PETITE FILLE 1 : J'ai 7 ans et l'école me manque.



    UN HOMME : J'ai 26 ans et ma mère me manque, je veux à nouveau lui parler et m'asseoir avec elle après le repas, sa cuisine et ses gâteaux me manquent et tous les doux rituels que nous avions ensemble.



    LA PETITE FILLE 2 : J'ai 10 ans et aller l'école et ma maîtresse me manquent.



    BISAN :

   Et maintenant moi, qu'est-ce qui me manque ? J'ai 24 ans. Ma chambre me manque. Ça me manque d’avoir mon propre lit. Juste pour que je puisse m'asseoir dans la paix de ma chambre et être moi-même seule et que personne n'entre dans ma chambre, mais j'aimerais aussi m'asseoir avec mes frères et sœurs dans le canapé et rire devant des vidéos stupides.



    BISAN :


  Marhaba, bonjour, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Nous marchons depuis deux heures sur une route sûre vers le sud. Des milliers d'entre nous.
  En chemin, j'ai vu des cadavres ou simplement les morceaux de personnes déchiquetées. Je compte les membres de ma famille parce que je ne veux pas les perdre en chemin.



    BISAN :


  Marhaba, bonjour, je suis Bisan de Gaza et je suis toujours en vie.
  Je vous écris parce qu'il s'est passé quelque chose de terrible aujourd'hui, ils ont bombardé l'hôpital Al Shifa.
  Aujourd'hui, des chars et des soldats israéliens sont entrés dans le centre de Gaza.
  Ils tuent les blessés et le personnel médical. Ils tuent les gens qui sont hébergés dans des écoles.
  Les gens qui fuient meurent dans les rues parce qu’il n’y a personne pour les aider. Des cadavres gisent dans les rues.
  C'est la deuxième Nakba. Le 10 novembre. 20239, souvenez-vous de ce jour !

   

   BISAN :


  Marhaba, bonjour, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Je veux vous présenter une petite fille, du moins à travers un enregistrement, écoutez-la !

   

  JOUDY :
  Je m'appelle Joudy et j'ai huit ans. J'aime écrire et peindre et je tiens un journal sur tout ce qui nous arrive. Un jour, je jouais avec mes cousins, et le lendemain nous avons dû nous enfuir le matin. Nous sommes tous venus à l’hôpital Al Shifa.



    BISAN :


   Et pourquoi tiens-tu un journal, Joudy, si je peux savoir ?

   

  JOUDY :
  Eh bien, un jour, quand la guerre sera finie, je rentrerai chez moi et le journal m'aidera
à me souvenir que la guerre a vraiment eu lieu et que nous avons dû nous échapper et je me souviendrai que j'étais dans l'hôpital Al Shifa et que mes cousins étaient avec moi.
 



    Partie 4



    Lucie :
  Cela fait une cinquantaine de jours et quelques que je suis sans cesse avec la Palestine et ma Bibi
  Je suis restée avec eux plus longtemps que je ne l’avais initialement prévu.
  J'ai suivi les messages de Bisan presque tous les jours et j'ai noté ses réflexions et j'ai appris à connaître son peuple.
  et je relâche tous les freins maintenant parce que je veux à présent que ce soit une autre histoire car Bibi, Bisan et moi sommes de gentilles filles
  et je laisse l'air froid remplir progressivement ma chambre et j'abandonne le besoin de structurer cela en quelque chose de significatif parce que ce qui arrive à Bibi et Bisan n'est pas significatif et ai-je le droit de structurer leur souffrance ?
  J'adore boire du café tout comme Bisan, c'est dans nos deux cultures, mais je déteste laver la cafetière, et je dois constamment nettoyer et enlever le marc, et peu importe jusqu'où je me trouve, je suis tellement obsédé par de nouvelles pensées
  Je pense à Adania Shibli10 et à la façon dont elle a écrit sur le violeur et sioniste israélien en tant qu'être humain, et non en tant qu'ennemi, car
  Quelqu'un dans le public lui a demandé : « Y a-t-il de la colère en vous lorsque vous écrivez sur la situation palestinienne ? »
  Et elle dit : « Non, l'écriture nous apprend à vivre, et la colère », dit-elle, « la colère n'en fait pas partie car je ne maîtrise pas personnellement la langue de mon écriture, ni la langue de mon texte. »
  Je me souviens aussi de la vidéo d’un homme tenant sa petite-fille Reem
  Il l'a trouvée parmi les décombres, elle était toute grise à cause de cette horrible poussière qu'on peut voir dans presque toutes les images des enfants blessés ou tués
  Il essuya doucement la poussière de son visage, de son cou, de ses membres, la caressa et l'embrassa dans son étreinte
  Il n'a pas crié, il n'a rien cassé, il ne s'est pas jeté par terre, il n'a pas menacé.
  Reem avait une boucle d'oreille et le grand-père a retiré la boucle d'oreille et l'a accrochée sur sa poitrine comme un badge car, comme il a dit, Reem était et est toujours, « l'âme de mon âme », « soul of my soul ».
  Et c'est là que réside le grand secret, à l'instant où nous nous séparons physiquement l'un de l'autre, quand nous naissons, ma fille de moi, moi de ma mère, Elle en tant qu'entité physique indivisible ne m'appartient plus, elle appartient à ce monde qui est imprévisible et très difficilement compréhensible
  Je pense que les croyants sont capables de surmonter cela, et c’est pourquoi toutes les religions sont particulières et en soi similaires parce qu'elles supposent qu'il existe toujours cette entité extérieure au monde qui offre un endroit pour toutes ces âmes et en Lui elles vivent avant la naissance et après la mort et pour toujours
  Peut-être que j’avais besoin de cette grande expérience d’observation pour parvenir à cette connaissance de quelque chose qui m'était auparavant très abstrait et inaccessible
  Bibi et Bisan ne m'appartiennent pas.


 

Partie 2

    BISAN :


   Bonjour à tous, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Ma grand-mère, ma bien-aimée Stee, est décédée ce matin, elle s'est allongée un instant et elle est partie.
  C'était la femme la plus forte et la plus belle que j'aie jamais rencontrée.



    @noor : Que sa lumière et ses histoires continuent de te guider, splendide jeune fille.



    @umme.salma : Cher Bisan, quelqu'un m'a dit quelque chose de merveilleux à propos de la mort des musulmans : « Ce qui est auprès d’Allah n’est jamais perdu. » Tu as maintenant quelqu'un de personnel qui va t'attendre au paradis pour que vous vous soyez réunis un jour, Amen.



    @luc556 : Cher Bisan, j'ai moi aussi une grand-mère comme la tienne. Elle n'est plus de ce monde, mais je ne dois pas abandonner les croyances qu'elle m'a laissées en héritage, je ne peux pas les séparer de mon être.
  Ma grand-mère m’a toujours dit qu’elle lisait le Coran, la Bible et le Talmud, les trois livres sacrés, bien qu'elle ne croyait en aucun dieu. Et elle m'a parlé de nombreuses fois de voyage à Beyrouth, et elle m'a parlé de sa fuite à El Shatt11. Elle a terminé la première classe de l'école primaire dans le désert sous des tentes. Je pense qu'elle est ici avec moi maintenant aussi avec toi dans tout ça. Nous ne sommes pas seules. Et nous ne sommes pas loin.
  Nos grands-mères doivent déjà s'être retrouvées au paradis et se dressent pour nous.



    @mckanzie : Chère Bisan, elle (Stee) a la petite-fille la plus robuste pour porter son héritage.



    @cat667 : Il n'y a rien de tel que l'amour d'une grand-mère.



    @nila : Je vois une ressemblance entre toi et ta grand-mère, mashallah12. Qu'Il lui assure la plus haute place au paradis, la place dont elle rêvait et pour laquelle elle s'est battue en silence toute sa vie.

  @good.vibes : Je sais Bisan que ta grand-mère est fière que tu sois aux côtés de ton peuple et tu nous tiennes tous informés de la guerre et nous expliques la situation palestinienne.



    BISAN :


  Marhaba, bonjour à tous, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous les expériences de mes collègues femmes  journalistes.
  Nous, les femmes, courons la majeure partie de la journée, nous sommes constamment en mouvement et en train de filmer, et les portions quotidiennes de nourriture sont vraiment petites et ne couvrent pas nos besoins énergétiques de base. Nous mourons de faim.
  Nous, les femmes, n'avons pas de serviettes hygiéniques, alors nous avons réutilisé certains vêtements en haillons. Quand ils sont trempés de sang, nous ne pouvons pas les laver car nous n'avons pas assez d'eau, alors nous mettons d'autres chiffons et jetons ces vieux.
  Comme nous sommes sur le terrain depuis longtemps, certaines d’entre nous peuvent voir leurs enfants seulement une heure par jour.
  Nous n'avons pas de matelas, pas de draps, pas de couvertures, et depuis quelques jours Nous dormons sur des planches de bois, et il fait de plus en plus froid dans les tentes car l'hiver arrive.



    BISAN :


  Update : Bonjour, c'est moi, Bisan de Gaza, je suis toujours en vie.
  Je veux dire au monde que nous n’avons pas de nourriture, nous n’avons pas d’eau potable, tout ce qu’il nous reste c’est la mer, maintenant nous ne pouvons plus boire que la mer.
  Aucune aide humanitaire ne nous parvient encore.
  Ils essaient de nous affamer, tout comme ils nous laissent souffrir de la soif et nous tombons malades ou développons des infections.
  C'est une guerre de la faim.



    BISAN :


  Marhaba, bonjour, c'est Bisan de Gaza et nous sommes toujours en vie.
  Bienvenue dans une nouvelle aventure, aujourd'hui nous cuisinons du pain ensemble dans la rue.
  Les boulangeries sont fermées, mais nous ne pouvons pas renoncer au pain car nous l'aimons tant.
  Nous n’avons pas tous de la farine, mais ceux qui en ont la pétrissent et la partagent avec nous.
    Nous faisons du pain plat, comme des tortillas, mais nous n'avons rien pour les tremper, nous n'avons pas d'autres ingrédients.
  Cependant, aujourd'hui, un ami m'a appelée et m'a dit qu'il avait un cadeau pour moi.
  Il m'a apporté du sumac dans un récipient en plastique, c'est sous forme de sauce. Et maintenant nous allons manger du pain au sumac. Machallah.


    Partie 5



    Lucie :
  Cela fait une cinquantaine et quelques nuits que Bibi est avec moi et je veux lui laisser un commentaire sur Instagram au cas où elle aussi chercherait quelqu'un de normal un jour sur ce réseau.



    @luc556 : Chère Bibi, si tu vois ce message un jour, si tu réussis à grandir, sache que j'étais là auprès de toi et que tu m'as aidée à découvrir le secret qu'ils ont longtemps essayé de cacher aux gens comme moi.
  Je suis né dans ce monde démocratique européen qui essaie au moins d'être aussi distingué et diplomate que possible,
  dans un monde où l’on nous dit que nous pouvons tous exceller dans quelque chose,
  dans un monde où l'État subventionne vos frais de subsistance si vous êtes étudiante,
  dans un monde où l'innovation est encouragée,
  et tout cela signifie beaucoup,
  mais ils disent aussi que dans notre monde tout cela fonctionne exclusivement comme sur des roulettes et seulement parce qu’un grand mal est piégé au centre de notre monde.
  À l’école, on nous a parlé de ce mal et grâce à cela, nous sommes devenus de plus en plus bons.
    Et nous avons regardé aux informations ce qui se passe lorsque le mal surgit périodiquement de sa retraite.
  Maman et papa ne voulaient pas m'accabler, alors ils ne parlaient pas beaucoup du mal.
  J'ai un jour avoué à ma grand-mère que j'avais peur qu'un monstre vienne manger ma sœur et casser la maison, mais grand-mère ne voyait pas à quel monstre je faisais référence.

   

LA PETITE LUCIA : Le monstre, grand-mère, celui qui veut nous terroriser et qui vient dans les films pour nous enlever et nous tuer.
  Ma grand-mère m'a alors expliqué que je n'avais pas à avoir peur des monstres.

  LA GRAND-MÈRE : Le monstre est ton ami. Tu comprendras un jour.
  Maintenant je sais qu'au centre de notre monde se trouve le mal, mais pas ce qui est emprisonné, mais ce qui asservit les Autres.
  Et le monstre c'est toi, Bibi.
  Sache que je suis de ceux qui connaissent la vérité.


    Partie 1



    @wizard.bisan (en tant qu'intervenante dans sa vidéo Instagram) (12 juin 2023) :
   À tous ceux qui racontent des histoires et à tous les lecteurs, ici Bisan, et j'ai pour vous
une nouvelle histoire.
  (musique du générique d'ouverture)
  La moisson ici à Gaza commence en mai et peut durer jusqu’en juin.
  Nos mères et nos grands-mères lient les gerbes de blé dans des costumes folkloriques et ainsi la gerbe de blé devient le symbole de l’agriculteur palestinien et fait partie de notre riche patrimoine culturel.
  (de nouveau la musique)
  Tout d’abord, pour nous Palestiniens, mais aussi pour tous les Arabes, le blé est une plante à partir de laquelle par transformation nous produisons le pain que nous mangeons tous les jours, mais de vieilles chansons folkloriques et des légendes parlent de la façon dont une bonne récolte est suivie de mariages bénis.

    @wisard.bisan (joyeusement, en tant qu'intervenante ou guide touristique sur votre instagram (vidéo) (5 juin 2023) :
  À tous ceux qui racontent des histoires et à tous les lecteurs, je suis Bisan, appelez-moi Hakawhatia13, et j'ai aussi une nouvelle histoire pour vous. (générique d'ouverture)
  Aujourd'hui, nous allons parler de la vieille ville de Gaza, où il y avait de nombreuses vieilles maisons construites à l'époque ottomane et mamelouke. La ville a été construite à l'intérieur d'un anneau intérieur de grands murs avec huit portes, et à l'intérieur de celui-ci on trouve des mosquées, des églises, des écoles et de nombreuses maisons anciennes, vieilles de plus de mille ans.
  Nous allons visiter certaines d'entre elles aujourd'hui, nous parlerons de leur construction et de la façon dont elles ont été préservées, et nous rencontrerons également leurs habitants.
  Restez avec moi.
  UPDATE : Aujourd’hui, nous avons célébré la Journée de l’Europe à Gaza ! Bonne Journée de l'Europe à tous qui ceux qui la célèbrent !



    @wisard.bisan (27 mai 2023) :
  J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir parler aujourd'hui avec des jeunes militantes et militants du Proche et d'Extrême-Orient ainsi que des militants de l'Union européenne et d'autres pays occidentaux.
  Dans mon discours de vingt minutes, j’ai présenté les préoccupations et les demandes les plus importantes des jeunes palestiniens et arabes, je leur ai parlé de nos besoins et de nos désirs pour l'avenir.
  Nous avons rencontré des responsables de l’Union européenne et avons pu leur exposer nos idées à voix haute.
  Pour moi, c’est un jour très important et une expérience qui m’a enrichie. Dites-moi ce que vous en pensez ou demandez-moi tout ce qui vous intéresse en commentaires.
  Votre Bisan.
  UPDATE (28 mai 2023) : Chers amis, je ne parviens pas à me rassasier suffisamment de Bruxelles. C'est impossible de la décrire en un mot, j'en ai cent : la diversité, l'aristocratie, les pommes frites, les fleurs, l'architecture, les gaufres, la stabilité, la croissance.
  Je ne peux pas vous dire à quel point j'apprécie chaque instant.

  @wisard.bisan (en tant qu'animatrice dans sa vidéo Instagram) (4 mai 2023) :
  À tous ceux qui racontent des histoires et à tous les lecteurs, je m'appelle Bisan et pour vous j'ai une nouvelle histoire. (musique du générique d'ouverture)
  Vous vous demandez probablement quelle est la coutume la plus importante pendant l’Aïd ? Eh non, ce n'est même pas la prière.
  Pendant l'Aïd, le plus important est de rendre visite aux personnes que vous n'avez pas vues depuis longtemps, pour découvrir ce qui leur est arrivé et ce qu’elles ont ressenti au cours de la période passée. Vous devez leur demander si quelque chose les a tourmentées ou fait souffrir et, peut-être plus important encore, vous devez goûter leur café, leurs biscuits et leurs maamouls14.
  Et vraiment, la seule chose que vous ne devez absolument PAS refuser, c'est la nourriture !

   

 @wisard.bisan (en tant qu'animatrice dans sa vidéo Instagram) (1er mai 2023) :
  À tous ceux qui racontent des histoires et à tous les lecteurs, je suis Bisan, appelez-moi
Hakawhatia, j'ai aussi une nouvelle histoire pour vous. (Musique)
  Tout d’abord, joyeux Aïd ! Aujourd'hui, nous assisterons ensemble à la célébration de l'Aïd à Gaza. Restez avec moi car une quantité incroyable de café, de camaraderie et de confiseries vous attend ! Allons-y ! (De nouveau la musique)
  La première partie de la célébration est la prière de l'Aïd qui commence à 5h30 du matin, les gens se rassemblent dans les grandes mosquées comme la grande mosquée Omari ou sur des places ouvertes comme la Place Saraya où nous nous trouvons actuellement.
  Après la prière, il n'y a que deux types de personnes : ceux qui ont hâte de rentrer chez eux pour pouvoir manger le Fesikh15, et les autres qui le détestent.

   

@wisard.bisan (18 mars 2023) : Salut, ici Bisan, je suis officiellement désormais
la nouvelle ambassadrice de bonne volonté de l'ONU en Palestine ! Les rêves deviennent vraiment réalité, et si ce n'est pas maintenant, alors ils sont reportés à un autre moment. Aujourd'hui j'ai reçu mon vrai certificat ! Certes, je n’ai pas pu assister à la cérémonie de remise des certificats en Tunisie car je n'ai pas pu obtenir de visa pour entrer dans le pays.
  Je me dis, ça n'a pas d'importance, Bisan. Ce qui est destiné trouvera toujours son chemin.

  @wisard.bisan (13 mars 2023) : Hello, c'est Bisan, je suis au Caire. Ceci est l'écharpe de ma mère d'il y a vingt ans, elle vient de Jérusalem, j'adore porter de vieilles pièces de vêtements. Ce que je veux vous dire aujourd'hui, c'est que dans vingt ou quarante années, la décision rationnelle que vous avez prise aujourd'hui n'aura pas vraiment d'importance, car tant que vous ouvrez une nouvelle porte sans savoir chaque fois ce qui se cache derrière, sachez que votre cœur peut même traverser l'acier.

   

@wizard.bisan (22 février 2023) : Hé, je m'appelle Bisan, aujourd'hui je te parle à toi, Dieu, merci pour tout, merci pour le ciel, merci aussi pour la mer, et la terre aussi est si tendre avec moi, merci de m'avoir permis de goûter de nouveaux aliments et de m'avoir obtenu un visa pour Paris et d'avoir grimpé sur la Tour Eiffel, merci à toi, Allah pour le grand et large monde qui me ravit encore et encore et encore.
  Tu sais, je pousse un cri à chaque fois que je suis dans un nouvel endroit, je ne peux pas m'en empêcher, l’excitation prend le dessus et je ne peux pas rester constamment contrite. Merci, mon Dieu, de m’avoir entendue le matin quand je me réveille et que tu me vois où que je sois à tout moment du temps.
  UPDATE : Voyagez, voyagez si les conditions vous le permettent ! Je me sens si libre maintenant !

 

 


Traduction de Nicolas Raljević

 

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